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Environ 1300 jeunes sont en rupture scolaire sur le canton de Genève, et leur famille avec.

Le canton de Genève a mis en place une disposition constitutionnelle en 2018 qui rend obligatoire la scolarité des enfants jusqu’à 18 ans. Cela a permis l’élaboration de tout un dispositif d’accompagnement de ces jeunes en rupture scolaire afin de leur permettre d’intégrer une formation qualifiante et au final, un accès à l’emploi qualitatif.

Reste qu’un nombre important d’élèves quittent l’école sans diplôme. D’un point de vue politique, économique et social, ce sont de futures personnes susceptibles de peser lourds dans la prise en charge financière par l’Etat.

Les décrocheurs sont considérés comme susceptibles d’adopter des conduites troublant l’ordre public. Des études démontrent qu’ils peuvent plus facilement tomber dans la délinquance juvénile, tant à l’extérieur que dans les établissements.

En résumé, les décrocheurs scolaires inquiètent la société car considérés comme dans l’incapacité à se conformer à cette dernière, ce qui est en partie faux.

Les facteurs du décrochage scolaire sont nombreux.

Parmi les plus fréquents, on trouve :

  • les enfants issus de milieux socio-économiques défavorisés (précarité, chômage, famille monoparentale…)
  • les parents avec un faible niveau scolaire, parents non francophones, etc. …
  • les difficultés scolaires précoces (troubles de l’apprentissage, cognitifs, psychologiques, du comportement, redoublement…)
  • les expériences scolaires vécues de manière négative ou traumatique par l’enfant et/ou la famille ( harcèlement, agressivité des pairs, mauvais résultats aux examens, découragement…)
  • le contexte scolaire défavorable (classe très agitée, pratiques pédagogiques peu valorisantes, compétition, masse de devoirs à la maison, enseignant-e peu bienveillant-e…)
  • le contexte territorial difficile (école en zone REP « réseau d’enseignement prioritaire est caractérisé par sa population d’élèves de quartiers moins favorisés », marché du travail tendu,…)
processus decrochage scolaire

Le processus du décrochage scolaire

Dans le processus du décrochage scolaire, on constate que les enfants rencontrant des difficultés scolaires précoces (dès les classes enfantines) sont ceux qui sont le plus à risque. Le parcours chaotique dans la scolarité d’un élève, avec la stigmatisation que cela engendre auprès des enseignant-es qui le prennent en charge au fil des années, provoque, la plupart du temps, la rupture avec le système scolaire.

Chacune de ces années chaotiques renforcent un dysfonctionnement de l’enfant s’il n’est pas aidé à temps. Cela passe par des difficultés d’apprentissage, puis des comportements inadéquats en classe et hors de la classe, de l’absentéisme de plus en plus grand, un désintérêt du système scolaire, et le décrochage scolaire avec des ruptures plus ou moins longues pouvant aller de 1 mois à quasi une année scolaire complète.

Et les parents dans tout ça ?

Souvent, les parents sont considérés comme les responsables de cet absentéisme, au point qu’en France, par exemple, les familles sont pénalisées par la suspension, voire la suppression des aides sociales pour les familles « défaillantes ».

Les familles ne sont pourtant pas forcément les uniques responsables du décrochage scolaire de leur enfant. Nombre d’études tendent à prouver qu’il ne s’agit pas d’un problème uniquement lié à la famille mais d’une conjonction de facteurs de risque personnels, scolaires, environnementaux et familiaux qui demandent une approche plus systémique.

Pourtant les familles ont un rôle extrêmement important à jouer dans le décrochage scolaire de leur enfant. En fonction de leurs capacités à pouvoir faire face, à comprendre les propositions du corps enseignant, à accepter les orientations suggérées et à gérer tout l’émotionnel que cela engage, alors l’élève a des chances de « raccrocher » sa scolarité.

En effet, le décrochage scolaire d’un enfant et aussi vécu comme un échec parental et familial. C’est est un engrenage que les parents ne peuvent pas toujours percevoir surtout quand leur enfant est un-e adolescent-e.

La motivation des parents, l’énergie que cela leur demande, sont éprouvantes et usantes au point qu’ils peuvent renoncer et jeter l’éponge, s’en remettant entièrement au système scolaire.

Tous les parents concernés, vivent le décrochage scolaire comme un enfer. L’enfant a beau être un super sportif ou avoir des relations sociales exceptionnelles, ses difficultés d’apprentissage font de lui un raté et de ses parents, des incompétents.

statistique decrochage scolaire Geneve

Des pistes pour raccrocher les décrocheurs

En plus de toutes les aides que peut apporter le système scolaire, médical et social, il est intéressant d’entreprendre une thérapie familiale. Cela permet d’apaiser les angoisses que génèrent la situation.

Le fait de rétablir le dialogue entre les parents et l’enfant aide aussi à ce que chacun entende de quoi sont faites leurs peurs respectives.

Rétablir de la confiance dans ce qui fonctionnent toujours au sein de la famille. Nommer les difficultés, les lister et agender un calendrier de « gestion de crise », comme on le ferait pour une entreprise. Cet outils aide à « désaffectiver » le problème, à mettre une distance en le considérant comme un « objet problème » à gérer.

Il faut également proposer tous les scénarios de « futurs » possibles pour l’enfant. Ok, il n’aime pas l’école, alors voici les pistes que le système scolaire lui propose. Et il faudra l’aider à faire un choix. Car sinon, ce sera la vie qui choisira pour lui.

Liens utiles – mesure FO18 – Canton de Genève