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Octobre Rose le cancer du sein après 70 ans

Le cancer du sein touche les femmes dans ce qu’elles ont de plus représentatif de leur féminité et leur maternité.

On pense beaucoup aux jeunes femmes atteintes de ce cancer, on parle moins de celles qui le développe après 70 ans.

Malheureusement, cette maladie n’épargne personne.

J’ai reçu une patiente de 72 ans qui venait d’apprendre qu’elle était atteinte d’une tumeur cancéreuse au sein.

Le plus surprenant est qu’elle ne venait pas pour elle, mais pour ses filles et son mari. Elle m’expliquait qu’à cause de son âge, ils la voyaient tous morte et enterrée. Elle voulait les rassurer et m’a demandé de faire une thérapie familiale, ce que j’ai accepté avec enthousiasme et admiration.

Aujourd’hui, 24% des cancers du sein touchent les femmes de plus de 70 ans.

Il y a 2 idées reçues à stopper : non, être âgée ne supprime pas le risque, et non, un cancer après 70 ou 80 ans n’évolue pas moins vite.

Certes, le cancer du sein est peut-être moins agressif à cet âge, mais il est souvent détecté plus tard. Pour je ne sais quelles raisons, après la ménopause, bien souvent, les femmes arrêtent d’aller chez le gynécologue faire une visite annuelle. Même si la prévention contre le cancer du sein est régulièrement rappelée à toutes, passé un certain âge, les femmes lâchent l’affaire. Du coup, l’opération est la plupart du temps inévitable.

Quand on enlève un sein, on enlève une partie de Soi, et pas n’importe quelle partie.

Elle est visible, elle définit, dans l’inconscient collectif, la féminité. Une femme a de la poitrine, c’est tout. Demandez à celles qui n’en n’ont pas, à quoi elles sont obligées de faire face. Nous vivons dans une société qui oblige les femmes à mettre en avant leur féminité par le biais de leurs attributs corporels.  

Quand le corps vieillit, qu’il prend d’autres formes, que la peau devient douce et fine, mais ridée et tombante, beaucoup de femmes ne regardent plus leur corps. Alors c’est leur corps qui se rappelle à leurs bons souvenirs.

Ma patiente m’explique que ses filles qui ont respectivement 48 et 50 ans, sont totalement effrayées, désemparées.

L’aînée pleure tout le temps. Elle a peur de tout. Elle téléphone 10 fois par jour à sa mère, juste pour pleurer, lui dire à quel point sa vie est devenu compliquée depuis l’annonce de la maladie de sa mère. Sa sœur, elle, est en colère. La vie est injuste. Elle passe beaucoup de temps à contrôler ce que les médecins disent, font. Elle critique, elle attaque tous azimuts, elle surveille. Quant au mari…il est dans le déni. Lorsque la famille se réunit, il refuse de parler de la maladie de sa femme. Il refuse que le mot « cancer » soit prononcé. Il fuit en faisant beaucoup de randonnées en montagne, activités en tout genre, il est soudain overbooké !

Lorsqu’on se verra tous les 3 (le couple et moi), Monsieur va beaucoup pleurer. Il dit qu’il ne veut pas perdre sa femme, que sans elle, sa vie n’aurait plus de sens. Elle va longuement le rassurer. Je vais lui proposer des outils pour accompagner sa femme dans toutes les étapes afin qu’il ne se sente plus démuni. Nous ferons avec Madame, des séances individuelles qu’elle vivra comme des moments de répit, des parenthèses de paix dans la tourmente de sa vie, et ce, jusqu’à sa rémission.

En thérapie familiale, le travail a surtout été axé sur l’acceptation.

Ses filles ont dû faire une sorte de deuil sur tout ce qui ne sera plus et accueillir tout ce qui change. Il a surtout fallu inscrire tout ça dans le temps. Lier la maladie a un contexte temporel bien précis. Leur faire accepter la patience et la gestion pleine du moment, sans se projeter trop loin dans le temps.

Nous ne fonctionnons pas tous de la même façon face à l’adversité. Une chose est sûre, c’est que dans ces moments-là, il faut être bienveillant avec soi-même.