Quand nos enfants nous maltraitent
Vous souvenez vous de tous ces moments intenses que vous avez vécu avec votre enfant? Celui où vous avez appris son arrivée, celui où il est né, celui où il a marché tout seul, celui où il est rentré à la 1ère enfantine…Tous ces moments qui ont égrené votre vie et celle de votre enfant, et le voilà devenu adolescent, insultant, menaçant et même violent verbalement et/ou physiquement.
Que s’est-il passé?
A l’adolescence, votre enfant à de nouvelles envies, de nouvelles compétences qui lui permettent de devenir plus autonome et le pousse à se séparer de ses parents. Autant la majorité d’entre eux arrivent à vivre ce passage relativement facilement, autant l’immaturité de certains leur font redouter le monde des adultes, tout en sachant parfaitement qu’ils vont devoir s’y confronter très prochainement.
J’ai pu constater qu’en 3ème année de cycle à Genève, une bonne partie de ces adolescents sont paralysés de peur face à un avenir qu’ils ne veulent pas affronter.
En effet, l’ensemble du système scolaire leur demande de faire des choix d’orientation pour leur futur et surtout, on leur explique qu’après, ils seront seuls face à eux-mêmes pour gérer leurs études. Ils n’auront plus le cadre rassurant que leur impose le système scolaire.
Paradoxalement, au votre adolescent se cogne contre ce cadre (indiscipline, annotations, cours manqués…) et au plus il met en évidence sa peur de se confronter à ses seules compétences et capacités de réussite.
Plusieurs études ont également montré que la violence chez les adolescents découle d’un vécu familial violent (mère battue, eux-mêmes confrontés à la violence d’un parent…).
Cette violence peut aussi venir d’une mauvaise détection ou prise en charge d’un enfant avec des troubles de l’hyper activité, ou à haut potentiel, ou d’une maladie psychique mal gérée.
Malheureusement il n’y a pas forcément d’explications rationnelles et concrètes pour chaque adolescent violent.
Ces situations sont vécues plus fréquemment au sein des familles monoparentales, et par des mères seules avec leur ado. Ou par des parents ayant une maladie, un handicap, une faiblesse de base.
L’IMPUISSANCE DES PARENTS FACE AUX ACCÈS DE VIOLENCE DE LEUR ENFANT
C’est d’abord au sein de la famille que le jeune va s’autoriser à exprimer toute sa peur, sa frustration, sa colère, par des actes de violence verbale dans un premier temps et très vite physique. C’est cet ado que les parents ne reconnaissent plus. Qui rentre et jette son sac, qui hurle à la moindre contradiction ou contrainte, qui insulte, qui claque les portes, qui ment, qui casse des objets, qui vole, qui s’en prend à la fratrie sous n’importe quel prétexte…puis qui menace. Par des mots, et le ton monte et tout à coup, le parent se retrouve face à un adolescent qui le pousse, le gifle, le frappe.
Devant les comportements violents de son enfant, les parents peuvent être confrontés à un sentiment d’étrangeté. Ils ne le comprennent plus, ne savent plus vraiment qui il est. Ils peuvent être totalement sidérés et ne pas savoir comment réagir. Ils cherchent à donner un sens à la situation…Mais rien n’y fait. De cette sidération découle d’un sentiment de peur viscérale et induit une sorte de paralysie. Elle provoque également la capacité ou non des parents à gérer la colère qu’ils peuvent ressentir.
Les parents se sentent souvent en échec, impuissants, désorientés. Ils sont également confronté à leur entourage qui pointe du doigt leurs défaillances, « mais comment votre enfant a t’il pu en arriver là? ». Les parents cherchent dans tous leurs comportements où est-ce qu’il y a eu manquement? A quel moment ça a dérapé? La souffrance vécue par les parents est d’autant plus grande qu’ils sont « censé » incarner l’autorité, être ceux qui « cadrent ».
ÊTRE VICTIME DE LA VIOLENCE DE SON ADO EST SOURCE DE SOUFFRANCE
Par ce que les parents ont désiré, élevé et aimé leur adolescent, les comportements violents de ce dernier fait littéralement rupture avec le lien parental existant. Cela crée un véritable traumatisme familial, car l’adolescent pousse les parents à se retourner contre leur propre enfant. Il engendre un sentiment de honte de la part des parents, en même temps qu’un très fort sentiment de culpabilité. C’est un cercle vicieux sans fin.
PORTER PLAINTE CONTRE SON ENFANT
Des parents qui portent plainte contre leur propre enfant est à la fois un acte de survie et de désespoir. Mais parfois la situation est telle que les parents n’ont plus d’autre choix.
Dès l’instant où les parents sont en danger psychiquement et physiquement, il faut porter plainte.
Devant un juge, votre adolescent peut parfois prendre conscience de ce qu’il fait. Parfois cela crée un déclic.
Avant d’en arriver à cette extrémité, beaucoup de parents ont d’abord essayé des dizaines de solutions. Le plus compliqué est d’abord d’en parler. A son entourage, au système scolaire dans lequel est leur enfant, et pourtant il le faut!
C’est d’autant plus compliqué pour les parents que le sujet est encore très tabou.
Cependant, autant vous le dire tout de suite, il est quasi impossible pour des parents de se sortir seuls de cette situation.
Pour vous aider dans vos démarches, voici quelques pistes à tenter:
– L’hospice Général « Point Jeunes », vous y trouverez une aide pour un logement, une équipe d’éducateurs à votre écoute et une possibilité d’aide financière http://www.hospicegeneral.ch/prestations/point-jeunes.html
– Le Centre d’action sociale de votre commune d’habitation. Là, des assistant(e)s social(e)s peuvent établir des dossiers et une aide pour votre adolescent.
– Permanence pour jeunes adultes de la ville de Genève
– Service de la Protection des Mineurs SPMI
– Demandez conseils auprès de votre médecins de famille ou pédopsychiatre.
Ne restez pas seul avec votre détresse! N’hésitez pas à consulter!
Annick Pochet