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Ces filles au papa défectueux

Se construire avec un père qui dysfonctionne​

Elles ont un père défectueux – PARTIE 1

Elles sont nées sans importance…

Elles voulaient pourtant tellement exister aux yeux de cet homme qui est leur père !

Mais voilà, lui, il préfère ses garçons, ou il n’a pas le temps, ou il ne sait pas trop quoi faire d’une fille, ou il aurait préféré avoir un fils, ou son passif avec « les femmes de sa vie » (sa mère, grand-mère, sœur…) est trop douloureux, compliqué et sa fille va le déranger, lui poser un réel problème.

Du coup, cette petite fille sera une étrangère à ses yeux, à ses émotions, à ses élans affectifs. Et elle devra se construire avec ça, ou plutôt, sans lui.

Il faut « recontextualiser »

Selon des recherches menées par des anthropologues, les racines du patriarcat seraient arrivées au Néolithique (entre 8000 et 4000 ans av. J. C.), en même temps que la sédentarisation, moment où la société semble se hiérarchiser.

Il devient essentiel, au fil des générations, de développer son patrimoine de terres et de bêtes. « Patrimoine » : issu du latin patrimonium qui signifie littéralement « héritage du père ». La paternité, au-delà du rapport biologique père-enfant, devient surtout, un pilier central des rapports de force dans la société.

Dans l’antiquité, la transmission des biens et des pouvoirs passe exclusivement par le père qui est le chef absolu de la famille.

Au Moyen-âge, la question de l’héritage par le père reste centrale. Le garçon premier né sera alors roi et/ou successeur attitré. Tout garçon né d’un autre père est considéré comme « bâtard ». Les filles et futures femmes, ne peuvent fonder une famille qu’avec l’accord du père et qu’en passant par le mariage religieux. Le comportement « chaste » de la mère est supposé garantir la filiation du père.

La sociologue a sociologue Christine Castelain Meunier (« La paternité » – collection Que sais-je ? PUF) explique qu’en France, la révolution française (1789) va mettre un terme juridique à la toute puissance du patriarcat. Un père ne pourra plus privilégier son fils aîné dans l’héritage et devra également le partager avec les filles.

C’est surtout après la révolution industrielle et les 2 guerres mondiales que la femme s’émancipe peu à peu de l’homme, du mari, du père, obligées qu’elles sont, de les remplacer dans le travail quand ces derniers partent au front pour la guerre.

Tous les pays industrialisés n’ont pas évolué à la même vitesse. Pour rappel, en Suisse, le droit de vote des femmes est introduit au niveau fédéral qu’en 1971, et au niveau cantonal entre 1959 et 1990.

A contrario, c’est seulement depuis le 1 er juillet 2014, que les couples séparés ou divorcés ont en règle générale l’autorité parentale conjointe pour leurs enfants communs. Avant cette date, seule la mère l’avait.

Le lien père-fille

Quand on parle du lien d’attachement en psychologie, on se réfère principalement à la théorie du lien de l’attachement développée par John Bowlby et son assistante de recherche Mary Ainswort ((Ainsworth & Bowlby, 1989), ainsi que Winnicott, Harlow et Lorenz.

C’est un champ de la psychologie qui relate des relations entre êtres humains. Son principe est qu’un jeune enfant a besoin de développer une relation d’attachement avec au moins une personne qui prend soin de lui de façon cohérente et continue, pour connaître un développement social et émotionnel normal, dans un contexte sécurisant.

Alors que se passe t’il quand une fille nait dans une famille dont le père ne tisse pas de liens avec elle ? ou que le lien est défectueux ? Imbibé des propres problématiques que le féminin renvoi à cet homme.

Pendant longtemps, c’était la mère qui « introduisait et racontait » le père auprès de ses enfants. Ce dernier avait alors l’image que la mère lui octroyait, de façon consciente et inconsciente.

Aujourd’hui, le père est impliqué directement auprès de l’enfant dès sa conception, dans une relation qui ne passe pas nécessairement par la médiation de la mère. On sait désormais que le père est en mesure d’apporter une contribution spécifique dans la socialisation, dans la construction du langage et de l’intelligence, dans l’ancrage et l’équilibrage affectif de ses enfants (M. Lamb (éd.), The Role of the Father in Child Development, New York, Wiley, 1997).

Le premier homme de sa vie

Pour une petite fille, la rencontre avec son père et aussi la rencontre avec le 1er homme de sa vie. Il est d’abord appréhendé par celle-ci comme homme de la mère et donc interdit sexuellement. Le père coupe le « cordon ombilical » et permet à l’enfant d’exister en dehors de la mère.

Elle va pouvoir, dès lors, aller à la rencontre de sa féminité au travers du regard de son père qui la validera en tant que personne sexuée et pouvant être aimée pour cette raison…en principe…

Mon père est défectueux, puis-je le renvoyer au SAV ?

Mais quand ça ne fonctionne pas, la petite fille va tenter par tous les moyens d’exister aux yeux de son père, quitte à ne plus être une fille si c’est là qu’est le problème. On assiste à l’apparition des « garçons manqués ».

A l’inverse, elle peut s’ultra sexuer pour obliger ce père à la différencier de la mère et la reconnaitre comme « intéressante » et « importante » en tant que femme.

Toujours est-il qu’elle est dans une impasse, car quoi qu’elle soit, qu’elle dise, ou qu’elle fasse, elle n’arrive pas à attirer ce père qui la délaisse.

Suite au prochain post ... PARTIE 2