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Comment gérer la place des morts dans nos vies ?

Il est intéressant de constater que depuis l’avènement de la télé, les scénarios mettant en lien le « monde » des morts avec celui des vivants, prolifèrent et ont un succès fou. Cela va de l’enquête policière, en passant par toutes les aventures menées au nom d’un mort, du royaume des morts-vivants à celui de l’au-delà.

Les morts sont très puissants. Ils convoquent les familles entières autour du notaire, les obligeant ainsi à appliquer ses derniers désirs. Ils monopolisent un grand nombre de vivants pour mener l’enquête sur leur décès. Ils interrogent ceux qui reste, sur la place qu’ils ont pour eux, tant physiquement que psychiquement. Les morts nous interpellent sur le sens que l’on donne à notre vie.

On se rend compte que la « fiction » n’est que la mise en images de ce qui se vit intérieurement pour beaucoup d’humains endeuillés. Au fond que sait-on de la mort à part ce que les scientifiques désignent comme la cessation de toute vie à l’intérieur d’un organisme. La mort survient lorsque tous les processus organiques ont cessé de fonctionner.

Et pourtant, combien de patients ai-je entendu m’expliquer qu’ils « sentent » la présence de la personne décédée, qu’ils « parlent » régulièrement avec elle, qu’ils la « voient » en rêve. Y aurait-il donc la possibilité aux morts de continuer à vivre au travers des vivants ?

Tant que l’on « raconte » le mort, on le perpétue. On transmet, de génération en génération, les mots, les savoirs, les idées des morts, pour que les vivants se les représentent et puissent prolonger l’histoire dans laquelle ils sont inscris.

Dans certaines familles, il y a des morts qui sont très présents. Tellement présents, qu’ils peuvent servir de « médiateurs » thérapeutiques dans la demande du patient. Il sera notre allié commun et permettra de faire circuler une parole qui était bloquée. Le mort peut même être l’objet de « missions » à faire en son nom. A défaut de faire les choses pour lui-même, le patient peut alors les faire pour le mort.

Et puis il y a des morts encombrants, ceux qu’on cache au travers du secret de famille, ceux qu’on tait, tous ceux que les familles tentent d’oublier et qui se rappellent à eux à la moindre occasion, comme la date d’anniversaire de leur mort, ou lors d’une fête précise. Pour ceux-là, il sera important de les ramener sur le devant de la scène et de ritualiser un vrai départ, qui pourra soit être définitif (le mort n’est ensuite plus jamais évoqué ), soit circonscris à des actions précises en lien avec des rituels organisés.

therapie deuil chagrin

Quoi qu’il en soit, un deuil doit faire l’objet d’un apprivoisement de la douleur.

Je ne suis pas particulièrement adepte du « travail de deuil » qui consiste à oublier ce dernier. Je ne pense pas qu’on puisse « oublier ». En revanche, on doit apprendre à gérer le deuil (la douleur). Il faut l’intégrer dans sa vie, dans son psychisme afin qu’il ne nous envahisse pas et nous empêche d’avancer. Il faut donner au mort la place qu’on est d’accord de lui aménager, et pas l’inverse.

Il est parfois possible de faire cet exercice seul-e.

Dans ce moment très particulier qu’est celui du deuil, je vous suggère plutôt d’être accompagné-e, de vous autoriser à exprimer votre souffrance avec une personne qui pourra vous donner des outils pour la gérer dans le temps.

Car avec la mort, tout est une histoire de temps.

Mes conseils lectures pour aborder le deuil autrement :

Au_bonheur_des_morts_DESPRET_Vinciane

« Au bonheur des morts » de Vinciane Despret

Éditeur ‏ : ‎ La Découverte (31 août 2017)

 » Faire son deuil « , tel est l’impératif qui s’impose à tous ceux qui se trouvent confrontés au décès d’un proche. Se débarrasser de ses morts est-il un idéal indépassable auquel nul ne saurait échapper s’il ne veut pas trop souffrir ?

Soigner les morts pour guérir les vivants Molinié

« Soigner les morts pour guérir les vivants » Magali Moliné

Éditeur ‏ : ‎ Empécheurs de penser rond (7 septembre 2006)

Confronté au décès d’un être cher, chacun d’entre-nous a appris à se demander s’il effectue correctement son  » travail du deuil  » et à envisager l’aide d’un psychologue. Cependant, certains morts ne peuvent se transformer en simples souvenirs, comme y invite la norme sociale.

livre La_mort_Duval

 

 

 

 

 

« La mort » Stéphanie Duval

Éditeur ‏ : ‎ Editions Milan; Illustrated édition (24 janvier 2018)

un livre pour expliquer la mort aux enfants dès 5 ans.

Le papi d’Alice vient de mourir, et Alice se pose mille questions : souffre-t-il ? A-t-il faim ? soif ? froid ? S’ennuie-t-il ? Son papa la rassure : « Le corps de Papi ne sent plus rien, ni les bobos ni les câlins. Il est mort, c’est tout. »