Les familles des criminel·le·s : des victimes oubliées
Passé le moment de sidération et la violence dans laquelle l’acte commis par le membre de la famille est révélé, les familles des personnes ayant commis un crime font face à une double peine :
- Une souffrance personnelle intense : Elles doivent surmonter la culpabilité, la honte, et parfois le rejet de leur proche.
- La stigmatisation sociale : Être « le parent de », « l’enfant de », ou « le conjoint de » expose ces personnes à des jugements, à l’exclusion, voire à des ruptures relationnelles.
Les dynamiques familiales bouleversées :
La survenue d’un crime agit comme un séisme au sein des familles. Certaines s’efforcent de protéger l’unité familiale en niant ou en minimisant les faits, tandis que d’autres se fragmentent sous le poids des émotions conflictuelles. La communication s’effondre, et des alliances ou rejets se forment, perturbant l’équilibre du système familial.
Pourquoi s’intéresser aux familles des criminel·le·s ?
Ces familles traversent une épreuve d’une intensité rare. Entre la douleur de la perte symbolique d’un proche, la honte, les tensions internes, et le regard souvent implacable de la société, elles se retrouvent plongées dans une spirale de traumatismes..
Les multiples raisons d’agir :
– Prévenir la marginalisation : La stigmatisation peut isoler les proches, les poussant parfois eux-mêmes à des comportements à risque.
– Briser le cycle de la transmission intergénérationnelle : Les traumatismes non traités peuvent affecter les enfants ou petits-enfants, créant un cercle vicieux de souffrance.
– Accompagner la réhabilitation : Les familles jouent souvent un rôle clé dans la réinsertion sociale des criminel·le·s, mais elles ont besoin d’aide pour assumer cette responsabilité.
La thérapie systémique : une clé pour apaiser et reconstruire
La thérapie systémique offre un cadre précieux pour aider les familles à surmonter ces épreuves. Contrairement à des approches centrées uniquement sur l’individu, la thérapie systémique considère la famille comme un tout, avec ses interactions et ses dynamiques propres.
Mon rôle de thérapeute spécialisée dans le traumatisme
Ces questions, parmi tant d’autres, sont au cœur de mon travail de psychologue spécialisée dans les traumatismes complexes et la thérapie systémique. Chaque histoire est unique, chaque parcours est une démonstration de résilience ou de fragilité face à l’invisible « double peine » de ces familles : porter la souffrance et l’étiquette.
Quels bénéfices pour les familles ?
- Un espace de parole sécurisé : Permettre à chaque membre de verbaliser ses émotions sans crainte de jugement.
- Une compréhension des rôles et des alliances : Décrypter pourquoi certains soutiennent le criminel, tandis que d’autres coupent les liens.
- Un travail sur les frontières et les limites : Aider les familles à définir comment elles peuvent soutenir leur proche tout en protégeant leur propre équilibre émotionnel.
La prévention : une responsabilité collective
Les familles des criminel·le·s sont des victimes silencieuses d’un système qui ne leur accorde que peu d’attention. Pourtant, en leur offrant un accompagnement adapté, nous pouvons non seulement les aider à se reconstruire, mais également contribuer à prévenir des cycles de marginalisation et de souffrance.
En tant que professionnels ou citoyens, il nous appartient de changer notre regard sur ces familles pour mieux les intégrer dans une société plus juste et inclusive.