Le Père Noël est le personnage qui a réussi le plus gros casse du 19ème Siècle.
Ce personnage haut en couleurs a été inventé en 1822 aux États-Unis par le pasteur luthérien Clément Clarke Moore.
A cette époque, les Etats-Unis avaient déjà suffisamment d’influence pour que le Père Noël se répande dans le monde entier.
Les autorités religieuses chrétiennes ont alors tenté de s’opposer à cette propagation inexorable du Père Noël, car ce dernier a surgi au même moment que la Fête de la Nativité et détourné ainsi les enfants et parents de la Foi. Pourtant, l’opinion publique s’est montrée plutôt favorable au Père Noël.
Tout à coup, le Père Noël ouvrait un espace féerique au travers des préceptes de la Foi chrétienne, rendant cette dernière moins austère et teintant ce moment particulier d’un peu plus de douceur et de joie. Le peuple fricotait de nouveau dangereusement avec les croyances païennes.
Quand on y regarde de plus près, le Père Noël est un vieillard symbolisé par sa grande barbe blanche, il a de l’embonpoint, incarnant ainsi la bonne santé et vient inonder les familles de cadeaux, représentant par là même, l’abondance et la générosité.
Les religions chrétiennes faisaient également de la Fête de la Nativité un moment de partage avec tout le monde. Les pauvres et les mendiants bénéficiaient alors de cet élan grâce à « l’assiette du pauvre » qui leur étaient mise de côté dans chaque famille.
Au final, la cohabitation devenait tout à fait possible entre le Père Noël et la religion dans l’inconscient collectif et les religions chrétiennes n’eurent pas d’autres choix que d’accepter.
Le Père Noël transforme tous les parents en menteurs patentés
La majorité des parents font croire à l’existence du Père Noël à leurs enfants. Ils décident de mentir sciemment à ces derniers en enrobant le mensonge dans quelque chose de magique. Ils ordonnent aux ainés de la fratrie de ne pas divulguer la vérité et redoute qu’en dehors du cercle familiale, d’autres ne leur révèlent.
Il faut dire qu’aujourd’hui, tout concourt à rendre le Père Noël réel. La société de consommation a très rapidement récupéré ce moment pour fabriquer de multiples mondes féeriques autour de tout ce qui est vendable, et le monde civil, comme les crèches et écoles enfantines, organise des activités et spectacles autour de ce personnage. Les enfants peuvent adresser au Père Noël leur liste de vœux, qui s’est maintenant transformée en liste de cadeaux.
Le mensonge est ainsi amplifié et les adultes redoutent toujours le moment où les petits apprendront la terrible nouvelle : le Père Noël n’existe pas !
Ce qui est curieux, c’est que la révélation du mensonge fait bien plus peur aux parents qu’aux enfants. Les parents peuvent le percevoir comme un éventuel traumatisme pour l’enfant, alors qu’il est extrêmement rare que soit engagé une psychothérapie suite à cette révélation. Le moment de la désillusion est important dans le vécu des enfants afin qu’ils s’ancrent dans la réalité de leur vie pour pouvoir se responsabiliser face aux futurs choix qu’ils devront faire.
Pourtant, les adultes aussi y ont cru au Père Noël. Alors comment gérer la place de ce mensonge dans l’éducation qui est souvent basée sur la confiance et sur une demande claire qui est de ne justement pas mentir ?
Le Père Noël est un allier intéressant dans l’éducation parentale
Des recherches scientifiques ont démontré que les parents utilisent le Père Noël comme celui qui peut ou pas punir. Comme il les « regarde » de là-haut, ils doivent respecter les règles, et point de cadeaux pour les enfants désobéissants ! De cette façon, les parents se déchargent de leur propre responsabilité quand ils punissent leur enfant. Si l’enfant a fait une bêtise et ne reçoit pas de cadeaux, et ce n’est pas de la faute des parents, mais de celle du Père Noël qui en a décidé ainsi. Et c’est vraiment pratique 😊 !
A partir de 7 ans, et même parfois avant, l’enfant comprend que le Père Noël n’existe pas. Les parents redeviennent alors les auteurs des punitions. Ils sont obligés de réendosser la responsabilité de leur rôle de « méchant » envers leur enfant et cela peut être difficile à assumer.
Parents et enfants partagent cependant même nostalgie de la croyance au Père Noël. Voir son enfant émerveillé remplie de bonheur le cœur des parents.
L’imaginaire a des effets bénéfiques
Le Père Noël, ses lutins, les rennes et tout ce qui entoure l’histoire de Noël nourrissent l’imaginaire des enfants. Jusqu’à l’âge de 7-8 ans, l’enfant est dans la pensée magique, imagine plein de d’histoires fantastiques et magiques. Après, il développe la pensée concrète qui lui permet de rassembler des faits pour obtenir une conclusion logique. Cela coïncide généralement avec l’arrêt de la croyance au Père Noël. Peu à peu, l’enfant fera la différence entre ce qu’il demande et ce qu’il peut avoir.
Le Père Noël permet aux parents et aux enfants de nourrir le lien affectif en s’autorisant à rêver ensemble, à y croire ensemble, à distiller de l’affection autour de quelque chose de magique. Alors profitez de ce moment particulier et autorisez-vous à retomber en enfance.
