Aller au contenu
Accueil » Blog » Mon enfant est en échec scolaire

Mon enfant est en échec scolaire

Tous les parents redoutent les difficultés scolaires de leurs enfants

En août 2018, le canton de Genève rendait la durée de formation obligatoire jusqu’à 18 ans. Cette réforme nommée FO18 a pour but d’augmenter le taux de qualification des jeunes en Suisse. Ils sont alors obligés de suivre un cursus scolaire secondaire ou un apprentissage jusqu’à leur majorité.

Le DIP (Département de l’Instruction Publique), ainsi que de nombreux acteurs liés à l’institution scolaire, a la responsabilité de la prévention et la remédiation du décrochage. Plusieurs départements regroupent un ensemble de professionnels qui doivent tenter d’aider les 550 mineurs qui sortent chaque année du système scolaire genevois avant d’avoir obtenu un diplôme.

Les experts Potvin, Fortin, Girard (2006), avaient présenté une étude des typologies des enfants qui décrochent scolairement :

Le type « troubles de comportement et difficultés d’apprentissage », 50 % des élèves à risque de décrocher. Ils ont l’avantage aujourd’hui d’être rapidement détectés et pris en charge. Cependant, au plus ils grandissent et au plus les dispositifs mis en place tendent à s’arrêter.

Le type « peu intéressé » et / ou « dépressif », 20 % des élèves à risque de décrocher. Ce sont des élèves qui s’ennuient la plupart du temps. Ils n’ont pas forcément de comportement ou un apprentissage qui feraient dire aux enseignants qu’il a un problème. Ces enfants ne comprennent pas vraiment le système scolaire en tant que tel, son utilité, ils le subissent et lâchent l’affaire petit à petit.

Le type « conduites antisociales cachées », 5 % des élèves à risque de décrocher (agressions mineures cachées, vandalisme, harcèlement, dealer, etc.). Ils sont issus de milieux familiaux peu contrôlant, aux notes légèrement sous la moyenne, mais savent très bien donner le change.

Une chose est sûre, c’est que les notes ne sont pas le seul indicateur du décrochage scolaire

Tous ces professionnels sont confrontés à leur propre système et à ses limites. En effet, comment obliger un jeune de 15 ans à aller en cours ? Quelles mesures d’aides et de contraintes appliquer pour qu’il fasse le chemin sur lequel les adultes le poussent ?

Les enseignants souvent impuissants face à cette responsabilité

On le sait, dès le début de la carrière d’un élève, l’enseignant prendra une place primordiale dans son envie d’apprendre.  Les liens affectifs seront parfois même plus déterminants que la qualité pédagogique de l’enseignement.

L’enseignant se retrouve coincé entre la gestion d’un groupe, une masse considérable d’apprentissages à faire « ingurgiter » à leurs élèves, gérer l’affectif et l’émotionnel des enfants et leurs, et tout cela dans un temps impartis très court.

L’élève n’a donc pas d’autre choix que de « rentrer dans les rangs » et fonctionner avec ce système scolaire qui doit faire d’eux des futurs « employés » adaptés à la société dans laquelle ils vivent.

Dit comme ça, on se rend bien compte que le décrochage scolaire est alors inévitable pour une partie des élèves. Il est cependant réconfortant de savoir que ces jeunes ne sont plus laissés de côté et que des mesures, qui doivent encore faire leur preuve, sont mises en œuvre pour les aider.

problemes scolaires

Et les familles dans tout ça ?

Depuis plus de 10 ans, je suis amenée à aller chez des familles où ce problème a une place centrale. Force est de constater que l’impuissance des familles est additionnée à celle des enseignants. Là aussi, il y a plusieurs types de réactions familiales face au décrochage scolaire de leur enfant :

  • La famille qui refuse sa part de responsabilité : qu’on se comprenne bien, tout n’est pas de la faute des parents ! ça serait trop simple à régler sinon 😊 Par contre, il y a des familles qui ne veulent pas accepter que ce n’est pas non plus de l’entière responsabilité de l’école. Les problèmes sont bien plus imbriqués qu’une simple responsabilité de l’un ou de l’autre. Ces familles sont sur la défensive. Toutes les propositions de l’établissement scolaire sont vécues comme des attaques personnelles. Mettre un réseau sur pied avec ces familles s’avère très compliqué et sportif. Mon intervention permet souvent une médiation car contrairement à l’établissement scolaire qui impose des ressources à la famille, c’est elle qui fait appel à moi. Et ça change la dynamique de la problématique !
  • La famille qui a tout essayé : il y a beaucoup de familles épuisées. Les parents ont essayé tout ce qui était possible et imaginable. Mais leur enfant est en échec scolaire malgré tout. Lorsque ses familles me contactent, mon premier travail est de les aider à déculpabiliser. L’avantage, ce que ce sont des familles qui sont d’accord de collaborer. Le plus compliqué, c’est souvent de redonner également confiance à l’enfant qui ne se perçoit plus que comme « le problème » de la famille.
  • La famille qui a renoncé : pour de multiples raisons, certaines familles ne veulent plus prendre en charge le décrochage scolaire de leur enfant. Elles ont lâché l’affaire. Certaines ne ce sont même jamais impliquées, débordées par leurs propres problématiques. Elles laissent le soin au système scolaire et social le soin de prendre en charge la totalité de la gestion de la scolarité de l’enfant. Le travail avec ces familles est compliqué, car elles ne sont preneuses de rien. Elles attendent.

Quoi qu’il en soit, un jeune en décrochage scolaire n’investit plus l’école.

Lorsque je parle avec eux, ils m’expliquent qu’ils en ont à la fois ras le bol de l’école et en même temps n’ont pas forcément envie de ne plus y être. Ils ont du mal à reconnaitre que beaucoup d’adultes autour d’eux sont préoccupés par ce qui leur arrive. Ils ont beaucoup de défiance envers ces derniers. Ils ont souvent l’impression d’être ni entendu, ni compris

Ce sont 2 systèmes qui rentrent en collision : le système scolaire et le système familial

Pour aider les enseignants, je leur conseillerais de ne pas rester seuls avec ce qu’ils vivent dans leur classe. En plus du soutien hiérarchique, de celui du réseau, il faudrait qu’ils prennent un peu de temps pour pouvoir parler de ce qu’ils ressentent eux et de ce qu’ils vivent.

Pour aider les familles, là aussi, il ne faut pas rester seules. Trouver une ressource tierce qui ne fait pas partie des 2 système afin d’avoir un regard neuf sur la situation.

Et pour les jeunes, même si ce n’est absolument pas leur réflex, demander à parler à un adulte en qui ils auraient encore un minimum de confiance. Il faudrait, pour bien faire, que ce soit eux qui le choisissent, et non qu’on leur impose.