Réfléchissons ensemble
Alors que l’ensemble des médias et de gouvernements de beaucoup de pays, montrent à quel point la violence physique exercée sur les femmes, dans les familles et encore plus sur les enfants ont des conséquences désastreuses, la fessée reste malheureusement encore un reflex « d’éducation ».
Les réseaux sociaux sont inondés de témoignages sur des agressions de toutes sortes, que beaucoup ont subis et subissent encore, et pourtant, lorsqu’on interroge les jeunes parents d’aujourd’hui sur ce qu’ils pensent de la fessée, beaucoup disent que c’est un bon moyen de discipline éducative.
La fessée à la vie dure
J’ai constaté dans mon travail de thérapie familiale, que les parents ne sont pas conscients de ce qu’il se passe dans le cerveau de leur enfant lorsqu’ils lui mettent une fessée. Il y a une énorme méconnaissance des mécanismes du cerveau d’un adulte lorsqu’il est confronté à la peur. Alors celui d’un enfant, on n’en parle même pas.
Les adultes ont souvent des attentes disproportionnées envers leurs enfants. Pour se sentir de « bons parents » (ce qui n’existe pas, on est bien d’accord), ils vont leur demander de comprendre des mécanismes de fonctionnements et de les assimiler rapidement.
Or, le cerveau d’un enfant est en « construction » jusqu’à ses 20 ans environ
De 0 à 5 ans, c’est là où il se développe le plus fortement, car les acquisitions fondamentales pour vivre dans son environnement sont complexes (perceptions sensorielles, mobilité, acquisition du langage, gestion des émotions, psychomotricité… etc. …). Et malheureusement c’est le plus souvent dans cette tranche d’âges-là que les parents donnent des fessées.
Des IRM pour comprendre l’impact d’une fessée sur le cerveau d’un enfant
De multiples études scientifiques ont été menées et le sont encore, pour définir le plus précisément possible, ce qu’il se passe quand un enfant se fait frapper par la personne avec lequel le lien d’attachement s’est fait.
Une altération du fonctionnement du cortex préfrontal
Comme l’explique très bien cet article publié par le site « pourquoidorcteur.fr » : […] la fessée affecterait le développement de certaines régions du cerveau, et en particulier celles situées dans le cortex préfrontal (CPF), qui est le centre de décision, de réflexion et de planification du cerveau. Le cortex préfrontal réagit aux indices de l’environnement qui tendent à être, par conséquents, vécus comme une menace, et peut affecter la prise de décision et le traitement des situations. […] Les enfants dont les familles recourent aux châtiments corporels sont plus susceptibles de souffrir d’anxiété, de dépression, de troubles du comportement et d’autres problèmes de santé mentale […]
Parce que je t’aime, je te frappe
J’explique souvent aux parents, que dans le lien d’attachement qu’ils tricotent avec leur enfant, ils y mettent de l’amour, leur histoire familiale, une ou plusieurs langues, et de la violence. Du coup, ils apprennent à leur enfant, que « l’amour » est un sentiment, une émotion, une valeur qui peut être associée à la violence.
Qu’on se comprenne bien. Il n’y a pas de « petite » fessée. Un coup est un coup, et la sidération qu’il engendre, plonge l’enfant dans les mêmes états émotionnels que ceux du stress post traumatique. Cela est d’autant plus traumatisant que cette agression est faite par l’être qui est censé le protéger.
Et non, les enfants ne trouvent pas « juste » de recevoir une fessée « méritée ». Ils n’ont pas la capacité d’analyse pour distinguer et accepter l’idée que leur désobéissance mérite des coups. Aucun adulte ne trouve normal d’être frappé pour les erreurs qu’il fait. Les enfants ont juste la capacité de subir ce type de sanctions.
Conséquences à long terme : Des études longitudinales ont suggéré que les effets négatifs des châtiments corporels peuvent persister à l’âge adulte. Les adultes ayant été soumis à des châtiments corporels pendant leur enfance ont parfois montré des tendances à utiliser la violence dans leurs propres relations ou pour faire face à leurs débordements émotionnels.
Les enfants apprennent par l’exemple
Alors oui, à la crèche, puis à l’école, on va expliquer à tous ces enfants, qu’il ne faut pas frapper, pas agresser physiquement qu’il y a d’autres moyens pour régler les problèmes que la violence. Et pourtant, à la maison, l’expérience est toute autre. Et se seront ces mêmes parents qui vont s’insurger contre la structure éducative de leur enfant, s’ils apprennent que ce dernier se fait frapper par ses pairs. Parce que, bon, eux peuvent lui donner une fessée, pas les autres.
Je pense qu’il est urgent de démocratiser, de rendre accessible et compréhensible pour tous, les effets délétères qu’engendrent la fessée sur le cerveau et le psychisme chez un enfant. Il faudrait des campagnes de sensibilisations nationales. Du martèlement comme les gouvernements le font aujourd’hui pour le harcèlement scolaire, autre fléau en expansion.
En attendant cela, il faudrait que tous les professionnels de la santé, pédiatres, médecin de familles, sages femmes, etc., soient capables de délivrer l’information de manière simple et impactante aux familles.