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Difficultés d’intégration scolaire à 4 ans

A 4 ans elle met en échec une équipe d’éducatrices au parascolaire

C’est une famille de 2 enfants qui m’appelle au secours pour les aider dans la gestion de leur petite dernière qui a 4 ans et qui met les adultes au défi. Du haut de ses 97 centimètres, elle tient tête à tous les adultes qui lui demandent des choses qu’elle ne veut pas faire.

Son frère a 1 an de plus qu’elle et bien qu’il soit moins rebelle, il a également tendance à s’opposer. Les problèmes de comportements surviennent essentiellement au parascolaire. Lors de l’accueil du matin, La petite Fany, suivant son état de tensions émotionnelles, peut faire une crise, déclenchée par une simple demande d’enlever son manteau par l’éducatrice.

C’est une petite fille qui apprend facilement, qui est curieuse, qui a des copines et des copains. Avec ses pairs, ce n’est pas toujours facile. Elle se bagarre beaucoup ou fait le clown pour être remarquée. Le plus compliqué pour elle, sont les moments de transition. De la maison au parascolaire le matin, puis du parascolaire à l’école, de l’école à la cantine, et le soir lorsque ses parents la récupèrent au parascolaire.

A 4 ans, comme pour beaucoup d’enfants dont les 2 parents travaillent, cela lui fait des grosses journées.

L’enseignante explique qu’en ayant placé la table de Fany tout contre son bureau devant, elle arrive à mieux suivre et surtout à contenir ses excès émotionnels. Cependant, Fany va vite dans les exercices scolaires et s’ennuie. Alors elle se lève soit pour essayer de parler avec les autres, ou pour aller chercher un jeu. Et si l’enseignante lui dit que « oui, mais non, c’est pas le moment ! », Fany résiste, tient tête, fait une crise.

L’une des éducatrices rapporte aux parents que leur fille n’agit pas « normalement », qu’elle a des comportements parfois à risque et surtout très agressifs, et une drôle de façon de s’intégrer dans certains jeux collectifs. Elle explique qu’elles faisaient jouer les enfants au jeu du « loup » (un enfant désigné comme loup doit en toucher un autre qui deviendra alors le loup, libérant celui qui l’a touché), et que Fany était plantée au milieu de la cour sans bouger, tandis que tous les autres courraient dans tous les sens. Elles lui criaient de courir se mettre à l’abri, mais rien n’y faisait.

Lorsque j’ai demandé à Fany de me dire pourquoi elle n’avait pas bougé, j’ai adoré sa réponse ! Elle m’a expliqué que ça ne servait à rien de courir tant que le loup ne venait pas vers elle…

Une petite fille qui prend beaucoup de place

Ce que je constate, c’est que Fany préoccupe beaucoup ses parents et prend une grande place dans la famille. Tous les regards sont tournés vers elle. C’est également le cas au parascolaire. A elle toute seule, elle arrive à mettre en faillite une équipe complète d’éducatrices, au point que ces dernières établissent un ordre de prise en charge pour cette enfant. Et à l’école, l’enseignante doit trouver beaucoup de stratagèmes et outils pour que Fany ne se disperse pas trop.

En gros, Fany est le centre d’intérêt de beaucoup de monde malgré elle.

Bien qu’il ne soit pas facile de poser un diagnostique pour un enfant de 4 ans, je conseille quand même aux parents d’aller voir un pédopsychiatre pour avoir un éventuel bilan psychopathologique sur les troubles précoces du comportement, les HUG (hôpitaux universitaires de Genève), ayant mené une étude très intéressante sur cette thématique.

En attendant les résultats, il va falloir quand même trouver des solutions.

Les troubles émotionnels chez les enfants

Les parents ne sont pas responsables de la façon dont leurs enfants vont être capables ou pas de gérer leurs émotions ! C’est une histoire de cerveau (pulsions, apprentissages, mémorisation, intégration, réflexes).

Tous les êtres humains sont gérés par leurs émotions, y compris les enfants 😊 et il est parfois difficiles de les canaliser, pour les uns comme pour les autres.

Imaginez que votre enfant soit une antenne parabolique qui ressent de manière exacerbée, l’ambiance dans laquelle il est. Toutes les émotions que vivent les êtres vivants (personnes comme animaux) dans son entourage, l’impactent.

En fonction de l’endroit où il va être, des consignes qu’il aura apprises et comprises, des adultes avec qui il est, de son humeur et état physique (fatigue, maladie…), il arrivera ou pas à se contenir.

C’est-à-dire qu’il arrivera à mettre en œuvre le processus cérébral d’inhibition qui consiste à contrecarrer la pulsion qui permet de passer à l’action. Ce processus a été mis en évidence au travers de beaucoup d’expériences scientifiques sur l’étude du cerveau, dont une qui est célèbre, le reflex de Pavlov (Le réflexe de Pavlov, souvent appelé « conditionnement pavlovien », est un réflexe conditionnel mis en évidence par Ivan Petrovitch Pavlov 1903).

C’est l’apprentissage de la gestion de l’interdit, ou comment résister à la pulsion de manière consciente pour pouvoir vivre dans un groupe social. C’est lorsqu’on apprend à son enfant à ne pas taper l’autre parce que ça fait mal, parce que l’autre va réagir, parce que ça ne permet pas de vivre ensemble. Même si sur le moment votre enfant va avoir très envie de tarter l’autre, en fonction de ce qu’il aura vécu et appris par rapport à l’interdiction (il se fait punir, ou frapper par l’autre, ou mis à l’écart…), il va inhiber sa pulsion départ pour obtenir sa « récompense » (être accepté par l’autre, être félicité, être valorisé pour son non passage à l’acte…).

Le problème avec un enfant qui a des troubles émotionnels, c’est qu’il est envahi par des émotions qu’il n’arrive pas à interpréter consciemment. Il ressent, mais ne comprend pas et n’arrive pas à adopter l’attitude adéquat face à son ressenti.

Cette impossibilité à réagir correctement à ses ressentis entrainent une mésestime de Soi et provoque des réactions d’agressivité, de dénigrement de Soi ou de dépression. Ce qui est terrible, c’est que ces enfants ont des ressentis justes (ils ont perçu la tension ambiante, ou la colère entre 2 personnes…), mais n’en sont pas conscient.

Donc ils s’imbibent comme une éponge et les parents se retrouvent face à des enfants « chargés » émotionnellement.

Comment aider les enfants ayant des troubles émotionnels ?

En fonction de leur force de caractère, chaque enfant va réagir différemment. Par exemple, vous allez avoir des enfants très introvertis, qui vont avoir énormément de mal à sociabiliser, resteront en retrait, essaieront au maximum de ne montrer aucune émotion en toutes circonstances. A l’inverse, vous aurez des enfants qui vont se montrer très agressifs, qui seront anxieux, parfois très tristes.

Le meilleur conseil en cas de troubles émotionnels chez un enfant est de consulter un professionnel. Il faut les emmener chez le pédiatre, le pédopsychiatre, qui pourra définir le degré du trouble.

Essayez de leur aménager des « sas de décompression » en fin de journée ou lors de changements qui pourraient les affecter.

Je propose souvent aux parents un exercice qui consiste à « pousser les murs ». Lorsque l’enfant rentre de l’école, avant toutes choses, on va dans sa chambre, on se place ensemble devant un mur et pousse ce dernier de toutes ses forces pour agrandir la chambre coûte que coûte pendant 15 secondes. On reprend son souffle 15 secondes et on recommence. On fait ça plusieurs fois de suite, puis on finit avec 15 secondes de « récupération / câlins ».

Tous les outils permettant à votre enfant d’évacuer les surplus de tensions sont bons à prendre. Sachez qu’ils ne marchent qu’un temps. Il faut donc en avoir plusieurs et tourner avec.