Confinement, déconfinement, re-confinement, semi-confinement...
Décidément, la mise à distance de l’autre a été conjuguée à toutes les sauces.
Le problème est qu’on n’a plus le droit de se toucher, de se frôler, de se humer. La distance sociale nous met hors de portée des ressentis. Même le regard est obstrué par le port du masque.
L’être humain, animal social par excellence est puni de contacts
Alors quelle différence pour les personnes en couple et celles seules ? Si le fait d’être en couple et confiné ensemble provoquait l’envie de se jeter l’un sur l’autre et de passer son temps à faire l’amour, ça se saurait. Tous les couples voudraient passer leur vie en confinement, même quand ce n’est plus obligatoire. Ils n’auraient pas besoin de fabriquer d’autres liens sociaux comme les amis et les sorties en groupe. Les conjoints n’auraient aucune envie de se tromper l’un l’autre. L’infidélité n’aurait plus de raison d’être.
Seulement, voilà, ça ne fonctionne pas comme ça. Pourtant, durant cette période absurde du confinement, certains ont voulus expérimenter et pimenter leur vie sexuelle en couple en osant utiliser des sex-toys, en s’envoyant des « sexto » pour provoquer le désir de l’autre, en jouant des rôles, ou en regardant des films pornos ou érotiques. Il y a de grandes différences entre les couples habitants ensemble et ceux qui cohabitent faute de mieux, entre les amoureux et les unions malheureuses.
Mais pour d’autres, leur libido était proche du néant, avec une incapacité à ressentir leur corps, à l’écouter. C’est vraiment inéquitable et on ne peut rien n’y faire.
Les célibataires pénalisés par la solitude
Être seul-e a certains avantages, comme le fait de n’avoir de comptes à rendre qu’à soi-même, être libre de son temps et de ses distractions. Il a suffi que nos dirigeants interdisent le contact pour que les personnes seules se retrouvent dans un isolement insoutenable, parce que non choisit par elles.
La solitude n’est pas l’indépendance. On peut vivre seul-e, être indépendant-e, sans éprouver le sentiment de solitude. Pour cela il faut que les connexions humaines, sociales, amicales, familiales, soient riches et régulières. Mais le COVID a privé tout le monde de ces possibilités. Le sentiment de solitude a envahi chaque foyer, habité par une ou plusieurs personnes. Il n’a pas fait de distinction en fonction de l’âge, du style de vie, de la pauvreté ou de la richesse. On pourrait presque dire qu’à ce niveau, il a été équitable.
Les célibataires ont dû combler tout l’espace que la solitude leur a laissée. C’est d’autant plus compliquer à gérer que lors du déconfinement, ils ont continué à devoir être seuls.
Les rencontres via des sites ou des applications ont toujours le vent en poupe, mais la rencontre physique dans la vraie vie est devenue extrêmement compliquée. Beaucoup se sont recentrés sur des besoins de relations plus profondes, plus engagées. Comme si les risques en matière de fréquentations avaient eux aussi « migré ». La pandémie a demandé de revoir ses priorités, ses envies, ses attentes.
Lorsqu’un rendez-vous est finalement organisé, les protagonistes doivent non seulement se méfier des maladies sexuellement transmissibles, mais aujourd’hui, doivent aussi présenter à l’autre un test COVID négatif. Sans quoi, la peur et le doute les empêcheront de s’approcher et de de créer une distance propice à un échange d’intimité.
Le pire est qu’oser rencontrer quelqu’un passe pour un acte irresponsable. La rencontre va se teinter de honte, de culpabilité. Et si on attrape le COVID et qu’on contamine nos proches !? pour une fois qu’on peut enfin les voir, paf, on les rend malade ! Jusqu’où prendre le risque de la rencontre alors ? surtout avec un-e étranger -ère !
Ça sera une rencontre secrète, faite de peur et d’envie. Un mélange à la fois existant et de nouveau vécu dans la solitude. En effet, comment dire au cercle d’amis qu’on a pris le risque de rencontrer ? Bien souvent ça sera tu. Du coup la solitude reprend le petit morceau de terrain qu’elle avait perdu.
Alors comment faire ?
Comment rencontrer celle ou celui qui fera partie de sa vie ? Cette question de santé publique a, sauf erreur, totalement été évacuée du débat par la majorité des gouvernements. La réponse officielle est : patientez !
Mais jusqu‘à quand ? Vu qu’à ce jour, il est impossible de savoir à quelle date précise la connexion physique humaine pourra de nouveau exister. La solitude fait des ravages. Elle prive tout un chacun de ce besoin viscéral de vivre une intimité avec l’autre.
Le problème est qu’il n’y a pas vraiment de solution. Il va probablement falloir attendre le feu vert de l’état. Ce qui est assez d’ailleurs assez fou de constater jusqu’où l’interdit est allé se nicher. Ce qui est de l’ordre du grand public, de la masse populaire, s’est immiscé au plus profond du privé.