Le traumatisme complexe et ses mécanismes cérébraux
Le traumatisme complexe est un terme qui désigne les conséquences psychologiques et physiologiques d’une exposition prolongée ou répétée à des situations de violence, de négligence ou d’abus.
Il se distingue du traumatisme simple, qui résulte d’un événement unique et ponctuel, par la chronicité et la diversité des facteurs stressants.
Le traumatisme complexe affecte le fonctionnement du cerveau à plusieurs niveaux.
Il entraîne une altération de la régulation émotionnelle, de la mémoire, de l’attention, du raisonnement et de la perception de soi et des autres. Il modifie également la structure et l’activité des régions cérébrales impliquées dans le traitement des émotions, du stress et de la peur. Selon plusieurs études, les trois zones les plus touchées sont l’hippocampe, l’amygdale et le cortex préfrontal médian. L’hippocampe est impliqué dans la mémoire et la navigation spatiale, tandis que l’amygdale est responsable de la régulation des émotions et de la réponse au stress. Le cortex préfrontal médian est impliqué dans la prise de décision, la planification et le contrôle des impulsions.
Le cerveau traumatisé se trouve dans un état d’hyperactivation ou d’hypoactivation, selon le type et l’intensité du stimulus. Il réagit de manière disproportionnée ou inadaptée aux situations du quotidien, en reproduisant les schémas appris lors des expériences traumatisantes. Il a du mal à distinguer le présent du passé, le réel du fantasme, le danger de la sécurité.
Le traumatisme complexe nécessite une prise en charge spécifique, qui vise à restaurer le sentiment de sécurité, de confiance et de contrôle chez la personne affectée. Il s’agit d’un processus long, qui implique un travail sur les émotions, les cognitions, les comportements et les relations.
Il existe différentes approches thérapeutiques, comme la thérapie cognitivo-comportementale, des outils de la thérapie systémique, l’hypnose, la thérapie par exposition, le Clean Language, l’EMDR, la thérapie par la médication pour apaiser ou atténuer les crises auxquelles est soumise la personne ayant un traumatisme complexe, et bien d’autres.
Je me suis rendu compte qu’il fallait utiliser plusieurs techniques thérapeutiques au fur et à mesure de la prise en charge d’une personne ayant un traumatisme complexe.
Quand les changements se mettent en place, il faut impérativement adapter les outils thérapeutiques au coup par coup. Il est également essentiel de tenir compte des contextes de la personne :
- Le seul et unique objectif de la séance (c’est-à-dire ce que la personne souhaite changer ou obtenir qui améliore sa vie). Dans un trauma complexe, à chaque étape, son objectif et les outils inhérents à ce dernier.
- La logique unique du monde intérieur de la personne (c’est-à-dire son paysage métaphorique et surtout les ressources qu’elles utilisent couramment.)
- L’environnement physique dans lequel se déroule la séance (la séance se passe où ? Qu’est-ce qui est modifiable dans le lieu ?
- La situation générale (par exemple, le contexte social, familial et culturel).
Dans un trauma complexe, tout peut avoir une influence, y compris le temps qu’il fait !
Il faut comprendre qu’on ne « guérit » pas d’un traumatisme complexe.
On apprend à le gérer, à dissocier la charge émotionnelle du souvenir, à se réapproprier la gestion de ses émotions, à mieux évacuer les pensées handicapantes qui surgissent, à comprendre les réflexes de survie qui sont ancrés.
Le chemin est long, avec des rechutes, mais aussi de victoires et de nouvelles capacités qui se mettent en place.